dimanche 15 mars 2009

CHAN 2009 : un bilan


Le triomphe des Léopards de RD-Congo dans ce premier Championnat d'Afrique des nations réservé aux joueurs "locaux" (évoluant sur le continent noir) méritait bien un texte spécial (billet suivant). Mais certaines des sept autres équipes participantes au tournoi (Zambie, Sénégal, Tanzanie et Côte d'Ivoire - pays organisateur, dans le groupe A; Ghana, Zimbabwe et Libye dans le B) ont également dévoilé des joueurs plein de promesses. Durant cette quinzaine (22 février-8 mars), on a d’abord apprécié la qualité d’ensemble du Ghana, qui battit le futur vainqueur en phase de poules. Les Black Stars disposent de deux latéraux de grand talent, évoluant tous deux à l’Ashanti Kotoko (première division ghanéenne) : Harrison Afful (22 ans) et Samuel Inkoom (19 ans)(photo). Qualité de centre et vitesse de course pour le premier, placement sécurisant pour le second : ces deux éléments endurants et solides ne manquent pas de qualités. Ils ne laissent d’ailleurs pas les clubs européens indifférents : Afful aurait été approché par les Néerlandais du Feyenoord Rotterdam, alors qu’Inkoom, un temps suivi par le FC Barcelone, intéresserait désormais le Paris Saint-Germain, à la recherche d’un joueur susceptible de doubler le poste de Ceara.
Parmi les autres joueurs très remarqués au sein de cette séduisante équipe, figure Charles Taylor Asampong Bismarck (27 ans). Ce très actif attaquant des Accra Hearts of Oak (première division ghanéenne) abat un gros travail physique de harcèlement des défenseurs adverses. Hormis une expérience en Tunisie à l’Etoile du Sahel, cet excellent tireur de coups francs a fait toute sa carrière au Ghana.

Le dernier des Ayew
Mais la principale attraction des Black Stars est le dernier d’une lignée illustre, celle des Ayew, les enfants d’Abedi Pelé. Ibrahim polarise l'attention. L'aîné des fils d'Abedi (21 ans), qui évolue à Eleven Wise (première division ghanéenne), compte parmi les grandes révélations de ce CHAN. Il s'est affirmé comme l'une des pièces maîtresses des Black Stars. Joueur petit (1,69 m) et trapu, Ibrahim joue milieu de terrain droit. A ce poste, il fait admirer une belle technique et une enviable puissance d'accélération. Lors du premier match contre le Zimbabwe, il fut le sauveur du Ghana, en marquant les deux buts qui permirent à son équipe de décrocher le match nul.

Un canonnier zambien
L’attaquant de la Zambie, Given Singuluma (photo), auteur de cinq réalisations, a été désigné meilleur buteur de cette première édition. Agé de 22 an, l’attaquant de Zanaco (première division zambienne) s’est d’entrée illustré en réalisant un triplé face au pays hôte, la Côte d’Ivoire (3-0), en match d’ouverture de la compétition. Passé par la deuxième division sud-africaine, ce joueur rapide et très opportuniste face au but serait suivi par des clubs scandinaves. Enfin, on mentionnera le Sénégalais Pape Maly Diamanka. Auteur notamment d’un grand match en demi-finales du tournoi, face au Ghana, le jeune milieu de terrain offensif de l’US Gorée (première division sénégalaise), 19 ans seulement, s’est illustré par sa vision du jeu et sa qualité technique. Il a su donner de la profondeur au jeu, parfois trop prudent, des Lions de la Teranga.

Des équipes plus égales que d’autres ?
Certaines sélections africaines sont traditionnellement formées de nombreux locaux. Plusieurs des cadres de la sélection victorieuse, les Léopards de RD Congo avaient ainsi déjà disputé au moins une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations. C’est le cas par exemple du défenseur Gladys Bokese. La même remarque peut s’appliquer à la Zambie ou à la Libye qui, pour des raisons différentes, ne parviennent pas à exporter leurs meilleurs talents.

Une organisation réussie, un public clairsemé
De l’avis général, ce premier CHAN fut une réussite sur le plan de l’organisation. Malgré des années de crises et de guerre, la Côte d’Ivoire s’est montré à la hauteur de ce grand événement sportif. Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance ! Le déroulement de la compétition s’est passé de l'avis des reporters présents sur place dans de bonnes conditions d’ensemble, avec des matches à l’heure, dans de beaux stades et sur des pelouses de qualité très satisfaisante. Les délégations, le public et les médias ont bénéficié des efforts d’accueil d’un personnel bien préparé. En revanche, les rencontres n’ont pas toujours attiré la grande foule. Ce fut particulièrement le cas à Abidjan, surtout après l’élimination du pays organisateur. Seul le match d’ouverture et la finale y ont fait stade plein. Le reste du temps, les rencontres n’ont rassemblé que 2000 ou 3000 spectateurs. C’est trop peu ! L’ambiance fut heureusement bien meilleure à Bouaké, dans le nord du pays.

Une compétition utile : oui, mais…Le CHAN est utile au football africain. Elle permet aux pays organisateurs de rénover leurs infrastructures afin d’accueillir l’événement. Et aux équipes participantes de donner l’occasion de briller à des joueurs qui n’ont pas toujours eu la chance de le faire en sélection régulière. Le niveau de jeu ne fut pas toujours très relevé. Hormis les individualités mentionnées en début d’article, les recruteurs occidentaux présents n’ont pas toujours eu l’occasion de s’enthousiasmer. La situation du CHAN au mois de février, juste après le mercato d’hiver en Europe, peut en outre priver certaines sélections de joueurs, transférés vers des clubs européens. Ce fut le cas cette année de la Côte d’Ivoire, qui perdit celui qui aurait pu être son meilleur joueur : Gohi Bi Cyriac (18 ans), recruté par le Standard de Liège.

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