lundi 21 septembre 2009

Mondial 2010 : le Ghana a les dents longues

Le Ghana est la première équipe africaine à se qualifier sur le terrain pour la Coupe du monde 2010. On verra les Black Stars en Afrique du Sud l’été prochain. L’équipe a progressé depuis la CAN 2008, qui s’était soldée par une élimination en demi-finales. Le sélectionneur et les joueurs rêvent de faire mieux qu'en 2006, quand ils avaient été éliminés en huitièmes de finale. Revue d'effectif.

Deux buts ont suffi. Vainqueurs (2-0) du Soudan à l’Ohene Djan Stadium d’Accra, les Black Stars du Ghana iront en Afrique du Sud. Le match nul dans le même temps entre le Bénin et le Mali, leurs poursuivants du groupe D, leur offre la garantie de disputer la première Coupe du monde de football de l'histoire sur le territoire africain. Les deux réalisations de Sulley Ali Muntari et de Michael Essien font du Ghana la première nation africaine officiellement qualifiée pour la prochaine Coupe du monde (hormis le pays hôte).
Après la qualification, le joueur de Chelsea a fait part de sa grande fierté. « Le peuple du Ghana voulait que nous gagnions et nous avons fait en sorte de ne pas le décevoir, s'est félicité Essien. Pour nous, joueurs professionnels, revenir à la maison et apporter du bonheur aux Ghanéens est toujours quelque chose de spécial. Etre le premier pays africain à se qualifier pour la première Coupe du monde organisée en Afrique procure un sentiment fantastique. »
Une joie partagée par Milovan Rajevac. Depuis ce grand jour, le sélectionneur des Black Stars, qualifiées pour leur deuxième Mondial consécutif, martèle sa confiance en ses hommes. « Si les joueurs font ce que je leur demande, s’ils respectent les consignes, nous ne partirons pas à la Coupe du monde simplement pour participer mais pour faire quelque chose de grand », prédit le coach.

Appelé à prendre la succession de Claude Le Roy après l’échec de la CAN 2008, Milovan Rajevac savoure sa revanche. Le technicien de 55 ans a été d’abord très critiqué, pour sa pratique incertaine de la langue anglaise et son manque de connaissance du football africain. Sa seule référence était d'avoir dirigé l'Etoile Rouge de Belgrade. Mais le technicien a fait front devant le sceptisicime. La Fédération ghanéenne l’a soutenu. Et les victoires se sont succédé.
Le « sorcier slave » a d’abord eu l’intelligence de ne pas chambouler une sélection qui avait failli par manque d’efficacité offensive plus que par déficit de qualité dans le jeu. Patiemment, avec pragmatisme, le technicien serbe a su faire progresser la sélection sur ses points faibles et, troisième raison principale de cette qualification précoce, la rendre vraiment conquérante sur tous les terrains.
Déjà difficiles à battre chez eux, les Ghanéens deviennent redoutables en déplacement. Le déclic intervient lors de la rencontre de la 2e journée, sur le terrain du Mali, en juin dernier. Avant le match, Milovan Rajevac pique l’orgueil de ses hommes. « Pour nous qualifier, nous devrons être capables de pratiquer le même football à domicile et à l`extérieur, lâche alors le technicien. Le Ghana a parfois du mal à imposer son jeu en déplacement. Il va falloir que cela change ». Ses joueurs reçoivent immédiatement le message. Favori du groupe, le Ghana s’impose nettement (2-0) grâce à des buts de Kwadwo Asamoah et Matthew Amoah et justifie son statut. Avec cette deuxième victoire d’affilée, les Black Stars font le break. Ils ne seront plus rejoints.


Le schéma tactique voit une quinzaine de joueurs se disputer généralement les onze postes de titulaires. La sélection évolue généralement en 4-4-2. La défense comprend quatre éléments, avec John Mensah (Sunderland) et Eric Addo (PSV Eindhoven) dans l’axe. Sur les côtés, le Ghana combine la fougue de la jeunesse, fournie par le joueur du FC Bâle, Samuel Inkoom, et l’expérience de John Paintsil (Fulham).
Le milieu de terrain, du reste, constitue sans aucun doute le secteur le plus puissant de la sélection ghanéenne. Le premier des postes axiaux est généralement occupé par Anthony Annan, utilisé dans un rôle de « sentinelle » devant son axe défensif. En cas d’absence, ce rôle revient à Moussa Narry (AJ Auxerre), arrivé en Europe la saison passée après avoir gagné une Ligue des Champions de la CAF sous les couleurs de l’Etoile du Sahel, ou encore Derek Boateng (Getafe).

Deux milieux offensifs un peu plus excentrés, l’Intériste Sulley Ali Muntari (côté gauche) et Harrison Afful (côté droit), acheté récemment par l’Espérance de Tunis, complètent ce très performant quatuor de l’entrejeu. Le premier peut être remplacé par un autre gaucher évoluant en Serie A, Kwadwo Asamoah (Udinese). Quant au second, il est en concurrence pour le poste avec le plus expérimenté et exclusivement offensif Larryea Kingson.
En attaque, les Black Stars se sont trouvés en Matthew Amoah un buteur digne de leur standing. Si le joueur du NAC Breda s’épanouit en sélection, c’est également grâce à l’appui de Stephen Appiah. Repositionné plus haut par son coach, le capitaine donne davantage de liant au jeu d’une équipe qui avait parfois tendance à abuser des longs ballons (« kick and rush ») à destination de son attaquant de pointe.
Grâce à ces joueurs au physique très au-dessus de la moyenne, et rompus à la discipline tactique du football européen, le Ghana présente un entrejeu compact et mobile. Le porteur du ballon dispose le plus souvent de solutions dans la profondeur. Assez prudent sur le papier, le schéma tactique de Milovan Rajevac offre en réalité beaucoup de souplesse. La polyvalence de ses titulaires lui permet de s’adapter aux nécessités dictées par les aléas du jeu.


Tout n’est toutefois pas rose. Cela peut paraître paradoxal pour une équipe qui n’a toujours pas encaissé le moindre but lors du troisième tour de qualifications, mais le secteur défensif présente certaines limites : le gardien de but, Richard Kingson, ne figure pas parmi les tous meilleurs d’Afrique. La charnière centrale manque un peu de vitesse.
A l’exception de Matthew Amoah, le Ghana compte peu de bons buteurs. Asamoah Gyan a se remet à peine de sa cauchemardesque CAN 2008, et Junior Agogo ne progresse pas. Le jeu développé par les Black Stars manque parfois de fantaisie et d’inventivité. Enfin, le capitaine de la sélection, Stephen Appiah, est toujours sans club. Il manque donc de compétition, ce qui peut poser problème par rapport au reste de l’équipe, notamment dans l’intégration du joueur à l’entraînement collectif.

Mais ces légers manquements n’empêchent pas tous les clignotants d’être au vert. Elément supplémentaire de foi en l’avenir du football ghanéen, les sélections de jeunes sont à nouveau au sommet du football continental. Finalistes du CHAN au printemps dernier, les Black Stars ont également renoué avec le succès lors de la CAN des moins de 20 ans cette année : la deuxième qualification consécutive du pays pour la Coupe du monde est donc bâtie sur des fondations solides.

mardi 15 septembre 2009

Le serpent se mord toujours la queue

Vous l’aurez remarqué, j’ai pris le temps pour revenir sur la situation de l’équipe de France. Histoire de ne pas réagir dans la passion houblonnée des polémiques d’après-match ; histoire aussi de ne pas prendre du retard sur d’autres projets personnels dont je vous reparlerai… Donc, c’est fait : les Bleus ont joué leurs deux matches du mois, face à la Roumanie et sur le terrain de la Serbie. Au Stade de France, comme au Marakana, le contenu fut correct, voire excellent pas instants. Mais au final, un seul but par rencontre, ce qui est très peu. Pendant ce temps-là, face à des adversaires de niveau comparable, l’Espagne ou l’Angleterre cartonnaient et voyaient leurs attaquants se mettre en confiance.
Sur le plan individuel, ces deux matches nous auront apporté la preuve sans doute définitive que Julien Escudé n’a pas le niveau international, que Lassana Diarra ET Jérémy Toulalan, c’est un récupérateur de trop, au moins pour les matches à domicile, et que les jeunes attaquants ont comme du mal à survivre à leurs bons débuts en Bleu (Benzema, Gomis et maintenant Gignac)…

Tiens, au fait, je parle de football... Cela devient difficile quand il s’agit de l’équipe de France, tant le cas Raymond Domenech monopolise les conversations. Mercredi dernier, d’innombrables supporters des Bleus espéraient, plus ou moins ouvertement, une défaite dans l’espoir de voir la Fédération prendre enfin ses responsabilités contre un patron technique définitivement pris au piège de sa propre provocation de bas étage.
Rassemblement après rassemblement, la politique du blackout telle que pratiquée par le maître de Clairefontaine suit toujours les mêmes modalités : mis en cause sur son attitude fuyante, Raymond reproche aux journalistes de ne pas parler de foot ; et quand ces derniers le font, il ne leur répond pas. On se souvient du « je ne parle pas serbe », lâché l’an passé à pareille époque par Domenech au correspondant d’un quotidien de Belgrade, qui l’interpellait pourtant en français. Cette fois, les envoyés spéciaux ont eu droit à un « Vous verrez demain » quand ils ont osé demander au sélectionneur de s’expliquer sur la recomposition de sa défense.
Dans ces conditions, la presse n’a d’autre choix que de parler d’autre chose que du terrain. Et ses représentants se trouvent pris d’une envie irrésistible de tailler les Bleus et leur communication déplorable. Le serpent n’a donc pas fini de se mordre la queue. Peut-être cette atmosphère de défiance mutuelle n’empêchera-t-elle pas de franchir les barrages. Il y a en revanche fort à parier qu’elle soit très contreproductive pour passer un premier tour de Coupe du monde. Qu’attendre de toute façon d’une équipe qui ne marque pas plus d’un but par match depuis un an ?