mardi 19 mai 2009

Cantona ? Yes, he Cannes !


Non, je ne vais pas vous parler d’une improbable remontée de l’AS Cannes en Ligue 2, ni d’un statement inattendu de Barack Obama sur le football. Si j’ose ce titre facile, c’est simplement pour saluer la présence d’Eric Cantona sur les marches du Palais des Festivals, en l’honneur de Looking for Eric, le nouveau Ken Loach.

« J'ai toujours fait mon propre cinéma dans ma tête, a déclaré Canto en conférence de presse lundi. On s'invente des histoires, on discute avec soi-même ou avec des gens qu'on imagine rencontrer, un peu comme dans l'histoire d'Eric [le héros, qui porte le même prénom que le joueur] dans le film. » Dans Looking for Eric, salué par de longs applaudissements lors de la projection organisée pour la presse lundi, Eric Bishop, postier à Manchester traverse une mauvaise passe. Un soir, il s'adresse à son idole, Eric Cantona en se demandant ce que celui-ci ferait à sa place. Le mythique numéro 7 des Red Devils apparaît alors à ses côtés pour le conseiller...

Après Johnny Hallyday en tueur mutique dans le dernier polar urbain de Johnnie To, voilà donc Canto chez le pape du cinéma social made in England. « 1966 was a great year for English football : Eric was born », proclama jadis la pub d’un célèbre équipementier mettant l’idole d’Old Trafford en vedette. Dira-t-on bientôt pareil de l’an (deux-mille) neuf du cinéma anglais ? Réponse dans les salles lorsque le film sortira (le 27 mai prochain) !

Que les puristes se rassurent en tous cas sur un point : le tandem Loach-Cantona, apparu très complice sur la Croisette, a choisi de recourir à des images d'archives pour les matches de foot montrés dans le film. « Filmer le jeu ne le rendra pas aussi beau ou aussi intense que ce qu'il est dans la réalité », a estimé celui que les fans d'United élirent joueur du siècle. Un avis partagé par son metteur en scène : « Un match a son propre rythme qui ne peut pas coïncider avec un film. »

dimanche 10 mai 2009

Guy Lacombe, les moustaches de la mauvaise foi

Il est comme ça, Guy Lacombe. Quand le Stade Rennais perd, c’est toujours un peu la faute de quelqu’un d’autre. Arbitres, conditions de jeu, dirigeants : il y a toujours un responsable lorsque l’équipe du coach moustachu s’incline. Hier, à l’issue de la finale de la Coupe de France perdue par son équipe contre Guingamp (1-2), le technicien aveyronnais a concentré sa mauvaise foi sur les journalistes. Motif du courroux de Guy Lacombe ? Les représentants de la presse seraient coupables d’avoir réclamé avec insistance la titularisation de l'attaquant Mickaël Pagis. « Vous les journalistes devez avoir un peu de lucidité parfois. Quand je vois la campagne de presse concernant Mickaël Pagis et ce que j’ai entendu dans le public ce soir, c’est grave. C’est trop, a martelé Lacombe. Dès lors qu’un journaliste oriente l’opinion publique vers quelque chose qui n’a pas lieu d’être il y a une scission entre le public et l’équipe. Que ressentent les autre attaquants quand ils entendent «Pagis» dans les tribunes ? » Et l’entraîneur rennais de se défendre maladroitement. « Mike, lorsque Jimmy Briand se blesse, je le fais jouer titulaire. Regardez les statistiques et vous allez comprendre. A chaque fois qu’il est rentré ça ne marchait pas. Moi je suis payé pour que ça marche. » Hier soir, cela n’a pas marché. Sans Mickaël Pagis au coup d’envoi. Et Guy Lacombe a perdu une nouvelle fois l’occasion de se taire.

jeudi 7 mai 2009

Braquage à la catalane


Ca y est. Le FC Barcelone a fait match nul contre Chelsea à Stamford Bridge (1-1) et rejoint Manchester United en finale de la Ligue des Champions. Mais que cette qualification des Catalans, acquise sur leur première frappe cadrée (signée Iniesta à la... 93e) est injuste, voire scandaleuse ! Bon, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je ne suis pas subitement devenu un adepte forcené du football défensif, où la virilité survitaminée et l’engagement à la limite tiennent lieu d’unique viatique. Mais je dois avouer que l’unanimisme louangeur qui entoure cette équipe du Barça me gonfle. Car si l’on suit certains beaux esprits, il faudrait forcément être un inconditionnel du Barça pour être un défenseur du beau jeu. Mais, au fait, c’est quoi le beau jeu ? Les Blaugrana de ces demi-finales sont-ils vraiment des parangons de football offensif ? La réponse est évidemment non. On nage en plein paradoxe. L’amateur de football, celui qui regarde un match sans œillères (je mets de côté les supporters « hardcore » des deux équipes, que l’amour peut rendre aveugle), ne peut que faire le constat suivant : sur ces deux rencontres contre les Blues, les hommes de Pep Guardiola furent poussifs, jouèrent arrêtés la plupart du temps et firent un nombre anormalement élevé de fautes pour une équipe supposée représenter un foot « différent », plus éthique, bref « une certaine idée » de ce sport.

Mais qui gagne un match de football, en général ? L’équipe qui sait imposer son jeu ! Que celui-ci soit plutôt défensif ou plutôt offensif. Non à la pensée unique ! Sur cette double confrontation, le Barça donna l'impression de ne pas être capable de faire valoir ses arguments, comme cette équipe sait le faire chaque week-end en Liga. La leçon tactique fut au contraire administrée par Guus Hiddink. Les joueurs du Néerlandais auraient dû se qualifier et gagner le droit de disputer contre un Manchester United au-dessus du lot la revanche de la finale 2008. Mais deux hommes sont passés par là : Didier Drogba. L’attaquant de Chelsea, superbe de générosité, n’en est pas moins coupable d’avoir raté trois énormes occasions en l’espace de deux matches. Et Tom Ovrebo. L’arbitre norvégien de la rencontre est responsable (mais pas coupable évidemment – merci les vieux croulants du Board) d’avoir oublié entre un et trois pénalties (au minimum la main de Piqué, absolument indiscutable) pour Chelsea mercredi soir. Fous de rage, les piliers de Chelsea (Ballack, Drogba) ne furent d’ailleurs pas loin d’en venir aux poings et de se faire justice à chaud. Un tel dénouement surviendra immanquablement un jour. Faudra-t-il en arriver là pour que les autorités du football ouvrent enfin les yeux sur le caractère de plus en plus dépassé du système d’arbitrage des rencontres, à peine digne du XXe siècle alors que nous sommes au XXIe ?

lundi 4 mai 2009

Sans rancune, Mateja ?


Une victoire nette et et sans bavure : Mateja Kezman remporte le Trophée Matt Moussilou, premier du nom.

Le suspense n’a pas duré bien longtemps. Dès les premières heures de la consultation, à laquelle vous avez été 406 à participer, un GRAND MERCI à vous, Mateja Kezman prend une avance conséquente. Il ne la lâchera jamais, pour terminer avec 122 voix. Seul candidat à franchir la barre de la centaine de suffrages, l’attaquant du Paris Saint-Germain devance le Marseillais Mamadou Samassa (99 voix) et le Niçois Eric Mouloungui (75 voix). Suivent le Lyonnais Kader Keita (41 voix), le duo auxerrois Daniel Niculae-Dennis Oliech (26 voix), le Bordelais Yoan Gouffran (22 voix) et le Lillois Nicolas Fauvergue (21 voix). A noter que ces deux derniers, ainsi que le médaillé de bronze Mouloungui, ont retrouvé le chemin des filets en Championnat durant la période de vote.

Arrivé l’été dernier dans la capitale en provenance de Fenerbahçe, le Serbe n’a jamais convaincu son entraîneur, Paul Le Guen, de revenir sur l’idée négative qu’il se faisait de lui. Sa seule réalisation en Ligue reste à ce jour un pénalty « capillotracté » inscrit contre le FC Nantes au Parc. Certes, son temps de jeu en Ligue 1 fut faible, mais jamais l’ancien buteur du PSV ne sut s’imposer comme un joker potentiel aux yeux d’un coach déjà réticent a priori. Un peu meilleur en Coupes (3 buts en 8 matches de C3, un doublé en Coupe de France face au Gazelec Ajaccio fin janvier), son bilan ne lui évite en aucun cas de se ranger dans la catégorie « échec de recrutement ».

Pire, sa cote d’amour auprès du public est également proche du zéro. Après l’épisode du jet de maillot survenu le 4 février, Kezman est suspendu 15 jours par son club. Le natif de Belgrade aura beau présenter ses excuses dès le lendemain, le fossé s’est creusé avec le peu de partisans qu’il conservait encore. L’avantage dans tout ça, c’est que Mateja Kezman ne pourra pas faire pire la saison prochaine. Avec une bonne préparation et un coach qui lui ferait davantage confiance, « Batman » ne peut que s'améliorer. Et si la première recrue du PSG, version 2009-2010, c’était lui ?

Un certain nombre de commentaires nous ont reproché certaines nominations, sous prétexte que les « victimes » avaient quand même du talent. Loin de nous l’idée de penser le contraire. Mais ce Trophée, destiné avant tout à porter un regard dédramatisé sur ce sport qui reste avant tout un jeu, n’est pas uniquement destiné aux sans-talent. Il s’agissait de distinguer les « joueurs doués en panne de confiance, les erreurs de casting, les abonnés aux frappes hors-cadre, les recrutements dispendieux et ratés, les comportements de divas à la mentalité douteuse, ou tout cela à la fois. » Avouez que le Mateja Kezman de cette saison correspond en grande partie à ce portrait-robot…