lundi 30 mars 2009

Afrique : les surprises et le drame

Bon, on ne va pas entonner cette rengaine vieille comme le football, selon laquelle, c’est bien connu, il n’y a plus de petites équipes. Mais la première journée des éliminatoires CAN-Coupe du monde 2010 a permis à plusieurs outsiders de bousculer la hiérarchie. Parmi les favoris, la Tunisie, le Ghana et la Côte d’Ivoire ont été les seuls à la hauteur de leur rang. Mais l’enjeu sportif a été éclipsé par la tragédie du stade Houphouët-Boigny, où 19 personnes ont perdu la vie dans une bousculade.


Groupe A : les favoris au tapis

Togo 1-0 Cameroun (à Accra)
Maroc 1-2 Gabon


Deux de chute pour les favoris ! Togo-Cameroun a eu beau se dérouler sur le terrain neutre d’Accra, les Eperviers ont su surmonter ce handicap supplémentaire et venir à bout du favori camerounais. Menés dès la 11e minute du match, les Lions Indomptables ont été… domptés jusqu’au bout par des Togolais bien organisés. L’unique réalisation de la rencontre fut une histoire très anglaise, avec un attaquant d’Arsenal (Sheyi Adebayor) dans le rôle du buteur et un défenseur de Reading (Bikey) dans celui de l'arrière défaillant (voir la vidéo ci-dessous). Dans l’autre rencontre du groupe, le Maroc a affiché les mêmes faiblesses que lors de la CAN 2008. Une bonne assise collective mais un manque cruel de tranchant en zone offensive. On eut souvent l’impression que les Lions jouaient à la baballe, incapables qu’ils étaient de hausser le rythme. Impossible dans ces conditions d’espérer remonter les deux buts encaissés coup sur coup après la pause. Les Panthères du Gabon d'Alain Giresse confirment les progrès entrevus récemment.


Groupe B : la Tunisie bien partie

Kenya 1-2 Tunisie
Mozambique 0-0 Nigeria

La Tunisie trace sa route. Qualifiés pour les trois dernières éditions de la Coupe du monde, les Aigles de Carthage sont bien partis pour ajouter une nouvelle participation à leur carte de visite. La sélection maghrébine la plus régulière des années 2000 n’a pas failli à sa réputation d’équipe solide et réaliste. Auteurs rapides de l’ouverture du score à Nairobi, les coéquipiers de Karim Hagui n’auront tremblé que quelques minutes : à peine le Kenya avait-il fini par égaliser, après plusieurs dizaines de minutes d’efforts, que les hommes d’Humberto Coelho reprenaient l’avantage. Si Togo-Cameroun fut une affaire d’« Anglais », ce Kenya-Tunisie se décida grâce à des joueurs évoluant en France. Avec l’avantage aux pensionnaires de Ligue 2 : un but du Lensois Issam Jemaa (une surpuissante frappe du gauche, à la conclusion d’un contre rondement mené sur le second but) répondant à une réussite de l’Auxerrois Dennis Oliech, plus efficace qu’en Ligue 1. La Tunisie va avoir l’avantage de faire la course en tête : les autres favoris du groupe, les Super Eagles du Nigeria, malmenés par des Mambas du Mozambique très en jambes, ont abandonné deux points précieux…


Groupe C : un coup pour rien ?

Rwanda 0-0 Algérie
Egypte 1-1 Zambie

Un coup pour rien que cette première journée dans le groupe C ? A la lecture des résultats, il est permis de le penser. Un nul chacun, la balle au centre ! Les Verts d’Algérie, solides derrière mais insuffisamment dangereux en attaque, avec un Rafik Saïfi bien décevant, ont ramené un point de Kigali. Bon ou mauvais résultat, telle est la question... L’avenir le dira. Le nul obtenu par les Chipolopolo zambiens sera inscrit sans hésiter par leur coach français Hervé Renard dans la colonne des actifs. Les doubles champions d’Afrique en titre, qui recevaient sur le terrain fétiche du Caire, se méfiaient pourtant, depuis un match nul (1-1) concédé lors de la CAN 2008 au Ghana, face à ces mêmes Zambiens. Les Pharaons doivent rapidement redresser la barre. Leur confrontation face à l’Algérie, lors de la deuxième journée, promet d’être explosive !


Groupe D : le Ghana est là

Soudan 1-1 Mali
Ghana 1-0 Bénin

Le Soudan est décidément une équipe difficile à manier. Surtout sur son terrain d’Omdurman, à Khartoum. Sur les rives du Nil, les Aigles du Mali l’ont appris à leurs dépens. L’ouverture précoce du score par Frédéric Kanouté, encore une fois excellent en sélection, pouvait laisser espérer mieux. Mais l’égalisation rapide des Soudanais lava l’enthousiasme des supporters rassemblés à Bamako et partout dans le pays. Les hommes de Stephen Keshi auraient-ils fait mieux avec Djilla Diarra et Momo Sissoko ? La question se pose, mais il faudra éviter de ressasser cette mise en échec. Car le Ghana, autre favori de ce groupe, n’a pas connu de retard à l’allumage, en s’imposant sur la plus courte des marges face aux Ecureuils du Bénin.


Groupe E : des buts et une tragédie

Burkina Faso 4-2 Guinée
Côte d’Ivoire 5-0 Malawi

La victoire de la Côte d’Ivoire, face au Malawi (5-0), fut éclatante. Mais Abidjan ne fit pas la fête. Dès le coup de sifflet final, les Eléphants et leurs supporters apprenaient qu’une bousculade avait eu lieu avant le début de la rencontre au Stade Houphouët-Boigny. Le bilan est très lourd: 19 morts et 132 blessés. Le peuple ivoirien est à nouveau meurtri dans sa chair. Par contraste, la réaction de la Fifa fait preuve d’une froideur clinique. Consternant. Jamais victoire par cinq buts d’écart n’avait eu un goût aussi amer. L’autre rencontre du groupe, samedi, avait également donné lieu à un festival offensif. Les Etalons du Burkina Faso ont confirmé leurs bonnes dispositions de ces derniers mois. Très stable dans sa composition depuis la CAN 2004, le Sily National de Guinée devra se ressaisir, sous peine d’accréditer l’hypothèse d’une équipe usée…


dimanche 29 mars 2009

Lituanie-France : le tableau d'honneur

Ca, c’est fait ! L’équipe de France a su forcer le verrou lituanien (0-1). Sur un terrain guère favorable aux grandes envolées, les partenaires de William Gallas ont enfilé le bleu de chauffe et ont fait le boulot. Pas de quoi pavoiser quant au contenu proposé, mais suffisant pour ne pas voir se creuser l'écart sur la Serbie, qui a gagné en Roumanie, comme tout le monde... sauf la France. Squillaci aérien, Toulalan bluffant, Ribéry paradoxal : voici les notes des tricolores.

Mandanda : 5,5. N’eut pratiquement rien à faire. On regrettera quand même une sortie des deux poings un peu à l’arrache, plus un ou deux dégagements un peu courts.
Evra : 7. Beaucoup de présence et de solutions sur son couloir gauche. Ses quelques centres bien dosés restèrent malheureusement inexploités. L’un de ses meilleurs matches en Bleu.
Gallas : 6. Un match à sa main. Sut monter en régime quand les Lituaniens se rappelèrent que le football consistait aussi à marquer des buts.
Squillaci : 6,5. Bien placé et à l’aise dans le jeu aérien, il a fait oublier Mexès. Etant donné le niveau montré par ce dernier cette saison, ce ne fut pas très difficile.
Sagna : 5,5. Peu mis à contribution, il eut beaucoup de latitudes pour monter en zone offensive. Ses centres furent souvent indignes d’un international. N’a toujours pas prouvé qu’il était meilleur que Fanni.
Lassana Diarra : 5,5. Sa complémentarité avec Toulalan fut meilleure que ces derniers matches. S’il est toujours excellent à la récupération, son jeu vers l’avant reste perfectible.
Toulalan : 7,5. Placé un cran au-dessus du Madrilène, il fit étalage d’une hardiesse offensive et d’une lecture du jeu qu’on ne lui connaissaient guère. Précieux pour faire monter la défense lituanienne et exploiter les brèches. Bluffant ! Suspendu mercredi, il devrait être remplacé par Alou Diarra.
Ribéry : 6. Enfin aligné à gauche, dans sa position préférentielle, il ne fut paradoxalement pas aussi en vue que sur ses dernières sorties en Bleu… jusqu’à sa frappe libératrice. Le propre des grands joueurs n’est-il pas de débloquer la situation ?
Gourcuff : 6. Chacun sait que le Bordelais est guetté par le surrégime en cette fin de saison. Cela s’est vu, surtout en première mi-temps. Mais la vaillance était là, et l’inspiration ne l’a pas quitté. Voir son subtil décalage sur le but de Ribéry. Remplacé par Nasri, assez tonique.
Luyindula : 6. Beaucoup d’envie et de disponibilité, un travail utile dans la conservation de la balle. Usé par de nombreuses courses à un poste qui n’est pas le sien (merci Domenech), il ne fit pas preuve de lucidité face au but. Remplacé par Benzema, qui manqua de sens collectif et sembla traîner les pieds.
Henry : 5,5. De bonnes passes, mais un manque de promptitude sur la seule occase qu’il eut… Un match moyen. Un de plus en équipe de France…

A l'issue de la rencontre, Raymond Domenech a vu en cette victoire le signe d'une "équipe en train de naître". On se gardera d'un tel optimisme pour l'instant, tant la Lituanie refusa le jeu les deux tiers de la rencontre...

samedi 28 mars 2009

L'Afrique rêve de "son" Mondial

Les éliminatoires couplées CAN-Coupe du monde 2010 entrent ce week-end dans leur dernière phase. Les équipes encore en course, réparties en cinq groupes de quatre entament un mini-Championnat. A l’issue de celui-ci, les vainqueurs de chaque poule iront au Mondial sud-africain, et les trois premiers gagneront le droit de disputer la CAN. Revue de détails.

Groupe A : Togo, Cameroun, Maroc, Gabon
Les Lions Indomptables du Cameroun sont les favoris logiques de cette poule. Forts de cinq participations à la Coupe du monde, finalistes de la dernière CAN, organisée au Ghana, les partenaires de Rigobert Song compteront en priorité sur leur buteur vedette Samuel Eto’o, au sommet de son art avec le Barça, pour déjouer les pièges d’une poule composée d’équipes revanchardes. Le Maroc aura en effet à cœur de prouver que l’élimination, très mal vécue, au premier tour de la CAN 2008 est bel et bien digérée. Désormais coachés par Roger Lemerre, les Lions de l’Atlas entendent tout faire pour goûter à nouveau aux joies d’une phase finale de Coupe du monde, écartés qu’ils sont de l’épreuve suprême depuis 1998. Les Marocains seront privés de leur attaquant Nabil Baha (Malaga), pour leur entrée en matière face au Gabon. Des Panthères en progrès sous les ordres d’Alain Giresse, mais sans doute encore trop tendres pour rivaliser avec les autres équipes du groupe… A moins que le Togo, connu pour ses hauts et ses bas, ne se loupe. D’autant que, pour leur entrée en matière face aux favoris camerounais, les Eperviers seront privés de leur fer de lance, Emmanuel Sheyi Adebayor et de leur stade de Lomé, suspendu pour les échauffourées intervenues fin 2008 face au Mali. Ils "recevront" sur terrain neutre à Accra, distant de moins de 200 kilomètres de leur habituel antre.

Groupe B : Kenya, Mozambique, Nigeria, Tunisie
Cette poule paraît extrêmement déséquilibrée sur le papier. Mais le football se joue sur une pelouse, donc sait-on jamais… La place qualificative pour l’Afrique du Sud devrait néanmoins se jouer entre le Nigeria, emmené par ses stars de Premier League John Obi Mikel et Obafemi Martins, et la toujours homogène Tunisie. Cette dernière, désormais dirigée par le Portugais Humberto Coelho, tentera de se qualifier pour sa quatrième phase finale de Coupe du monde d’affilée. Pour cela, les Aigles de Carthage ont intérêt à faire le plein contre les outsiders du groupe, tel le Kenya qui les reçoit samedi à Nairobi. Les Harambee Stars ont usé quatre sélectionneurs en douze mois. Ils peinent à décoller depuis 2004 et leur qualification pour la CAN, à l’image de leur Espoir déchu, Dennis Oliech, en panne totale de confiance et de buts du côté de l’AJ Auxerre. Quant aux Black Mambas du Mozambique, qui accueillent le Nigeria dimanche à Maputo, ils espèrent que le match nul réussi au tour précédent face à la Côte d’Ivoire aura servi de déclic. Accumuler des rencontres à haute tension peur constituer un moyen de combler le retard accumulé ces dernières années sur le rival régional lusophone, les Palancas Negras d’Angola, pays organisateur de la CAN 2010.

Groupe C : Algérie, Egypte, Rwanda, Zambie
Qui peut devancer l’Egypte ? Telle est la question dans cette poule. Doubles champions d’Afrique en titre, les Pharaons s’appuient sur le meilleur football de club du continent pour former leur équipe. Sous les ordres de l’expérimenté Hassan Shehata, cette sélection a trouvé un rythme de croisière difficilement soutenable pour ses adversaires. Les autres équipes du groupe ne se privent d’ailleurs pas de mettre toute la pression sur les partenaires de l’extraordinaire et trop méconnu maître à jouer, Mohammed Aboutrika. Après deux CAN manquées, l’Algérie tient à tout prix à éviter une peu enviable passe de trois. Yazid Mansouri et ses partenaires (privés d’Anthar Yahia et Karim Ziani ce week-end) caressent secrètement le rêve de fouler les pelouses sud-africaines. La belle histoire commence impérativement par une victoire à Kigali, samedi après-midi face aux Amavubi (guêpes) du Rwanda. Enfin, la Zambie, coachée par le Français Hervé Renard, cherchera au contraire à réaliser la passe de trois inverse, en obtenant, après 2006 et 2008, un troisième ticket en trois éditions de la CAN. La route de l'exploit démarre au Caire, dimanche.

Groupe D : Bénin, Ghana, Mali, Soudan
Seule équipe africaine à franchir le premier tour de la Coupe du monde 2006, le Ghana aimerait retrouver en Afrique du Sud les émotions découvertes en Allemagne. Voire plus si affinités. Les Black Stars, privés de John Mensah mais forts du retour de Michael Essien, ont les moyens de parvenir à leurs fins. Si toutefois leur puissance collective n’est pas une nouvelle fois amoindrie par l’absence d’un buteur digne de ce nom, défaut qui leur coûta sans doute la qualification pour la finale de la dernière CAN, organisée à domicile. Etant donné qu’Asamoah Gyan et Junior Agogo sont en échec cette saison, le pays se pose quelques questions, au moment d’accueillir, dimanche à Kumasi, un Bénin en nets progrès. Ce qui ne devrait toutefois pas suffire à la bande à Stéphane Sessègnon pour déjouer tous les pronostics. Le seul collectif qui semble en mesure de contrarier les desseins mondialistes ghanéens est celui du Mali. Passés à côté de leur CAN 2008, les Aigles rêvent désormais d’offrir à leur peuple sa première qualification pour le Mondial. Leur nouveau coach, Stephen Keshi, réussira-t-il le même coup qu’à la tête du Togo en 2006 ? Premiers éléments de réponse samedi après-midi à quelques lieues du Nil, à Khartoum, sur le stade d’Omdurman, terrain de la mystérieuse équipe du Soudan.

Groupe E : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Malawi
On ne présente plus les Eléphants de Côte d’Ivoire. Comme le Ghana, ils devront assumer leur statut de favori dans ce groupe. Souvent très à l’aise en phase éliminatoire, les hommes de Vahid Halilhodzic pourront s’appuyer sur le retour de Didier Drogba, absent du tour précédent et en pleine renaissance depuis l’arrivée de Guus Hiddink à Chelsea. Leur premier adversaire, le Malawi, manque d’expérience à ce niveau. Mais attention ce dimanche à ne pas prendre les Flammes de trop haut : cette équipe en progrès a battu la RD Congo et l’Egypte ces derniers mois. L’autre rencontre, programmée samedi à Ouagadougou, s’annonce beaucoup plus équilibrée. Entre un Sily National de Guinée, quart de finaliste des trois dernières éditions de la CAN, et des Etalons du Burkina Faso qui semblent retrouver leur niveau du début des années 2000, avec notamment un Moumouni Dagano très efficace (7 buts) lors de la phase précédente, les débats s’annoncent indécis.

mardi 24 mars 2009

Coupés du monde ?


A quelques jours de la double confrontation face à la Lituanie, décisive pour la qualification à la Coupe du monde 2010, les joueurs de l’équipe de France ne sont-ils pas justement coupés du monde ? Vivent-ils dans une bulle isolée de la vie réelle et des mouvements de l’opinion publique ? A lire les déclarations de certains d’entre eux, il est permis de le penser. Ainsi, Patrice Evra qui affirme mardi devant la presse réunie à Clairefontaine ne pas comprendre l’attitude des supporters des Bleus. « A Marseille, il y a eu une ola au bout de cinq minutes de jeu quand les Argentins se sont mis à faire tourner le ballon, s’est étonné le Mancunien. Tevez a même dit qu'il avait eu l'impression de jouer à Buenos Aires ! Je ne vois jamais une banderole à la gloire de Ribéry ou Henry au Stade de France. Je ne comprends pas. Tous les matchs que l'on dispute en France, on a l'impression que c'est à l'extérieur. » Le pauvre chou ! C’est vrai, quoi : l’équipe de France dégage toujours une joie de jouer absolue depuis la Coupe du monde 2006. Elle a brillamment défendu ses chances lors d’un Euro 2008 remarquablement maîtrisé sur tous les plans. Et elle est coachée par un sélectionneur dont la sympathie et l’à-propos font l’unanimité. Bien sûr, Patrice…

Ces propos déconnectés de la réalité pourraient prêter à sourire. Ils inquiètent plutôt, tant ils traduisent le fossé qui sépare aujourd’hui l’équipe nationale de ses supporters, de plus en plus déçus. Du désamour on est passé à la défiance, et cette dernière menace de céder la place à la franche détestation. Bon, Patrice Evra conclut en reconnaissant une partie de malaise, mais souhaite néanmoins que les gens tournent la page : « On nous demande un passeport à nous (le code de bonne conduite des Bleus, NDLR) mais pourquoi ne pas en demander un aux supporters ? Qu'il y ait encore des rancœurs à cause de l'Euro, ok, mais le Mondial 2010, on veut tous y aller. Si tu es supporter, tu veux le bien de l'équipe de France ! » Cela signifie-t-il fermer les yeux, dire amen à tout et cautionner le foutage de gueule imposé par la Fédération au moment de la reconduite de Domenech ? Non, bien sûr ! Et puis, est-il possible de tourner la page en maintenant le principal responsable du fiasco de 2008 à son poste ? Non encore ! Alors, les footballeurs qui l’ouvrent, c’est bien, encore ne faut-il pas mettre à côté de la plaque. Comme vient de le faire Patrice Evra, qui a perdu une bonne occasion de se taire.

Maniche n’en peut plus d’être à la... niche


Rarement destinée en sélection et réussite en club auront suivi des trajectoires aussi dissemblables que pour Maniche. Aujourd’hui l’âme en peine à l’Atletico Madrid, le milieu de terrain portugais, magnifique footballeur s’il en est, avait pourtant connu un début de carrière idéal ; il semblait vivre une ascension régulière vers les sommets du football mondial. Dans un registre de joueur axial à l’énorme volume de jeu, capable de récupérer, relayer, orchestrer la manœuvre et finir le travail, rien n’arrêtait Nuno Ribeiro Maniche. Né en 1977 à Lisbonne, l’homme à la crinière voit les choses décoller pour lui au FC Porto, sous les ordres d’un autre Lusitanien au sourire carnassier : José Mourinho. Les trophées tombent. Deux titres de champion, une Coupe nationale, la Coupe de l’UEFA en 2003 puis la Ligue des Champions en 2004 : les Dragons sont sur le toit de l’Europe. Pour José Mourinho, l’ascension se poursuivra sous d’autres cieux, insulaires. Pour Maniche, elle sera contrariée. Ou plutôt contrastée : en sélection, le joueur rayonne, se multiplie et marque des buts mémorables, tel cette frappe inouïe contre les Pays-Bas, en quarts de finale de l’Euro 2004. Cette année-là, devant son public, le Portugal perd deux fois, au moins une de trop, face à La Grèce : en ouverture du tournoi et en finale.



La carrière de Maniche prend alors une direction inattendue : celle du Dinamo Moscou. Le compte en banque du joueur ne s’en portera que mieux, au contraire de son exposition médiatique. La Coupe du monde 2006 est encore bonne pour Maniche, élu parmi les dix meilleurs joueurs du tournoi. Entre temps venu retrouver Mourinho à Chelsea, le milieu de terrain a redoré son blason en club, devenant champion d’Angleterre sous les couleurs des Blues. Mais avec 8 petits matches disputés (en six mois) seulement. Pas retenu par Chelsea, Maniche va retourner dans la péninsule ibérique. L’Atletico Madrid s’attache ses services. La réussite n’est toujours pas franchement au rendez-vous. 43 matches, 6 buts et 18 mois plus tard, celui qui rit de se voir comparé à Jim Carrey file en prêt à l’Inter Milan.

L’Euro 2008 arrive et la sanction tombe : jugé insuffisamment convaincant et en déficit de temps de jeu, Maniche ne fait pas partie de la liste de Scolari. Revenu chez les Colchoneros, l’ex-international portugais est impatient de passer à autre chose. « Je pourrais devenir fou avec cette situation mais je me rappelle sans cesse le principal : plus qu'un mois et demi et je serai libre », a-t-il déclaré ce week-end à la presse espagnole. Bientôt remis en liberté, Maniche devra bien réfléchir avant de choisir sa future destination. Sous peine de se retrouver prisonnier d'une autre cage (dorée).

samedi 21 mars 2009

A la recherche du nouveau Jean-Pierre Orts : Alexis Allart


Patrick Martet, Didier Monczuk, Jean-Pierre Orts : ces noms vous disent-ils quelque chose ? Vous souvenez-vous de ces terreurs des surfaces de ce qui s’appelait encore alors la deuxième division ? Des attaquants vifs et rusés qui, saison après saison, faisaient trembler les filets de leurs adversaires du groupe Nord ou du groupe Sud, selon les couleurs qu’ils portaient. Cette époque est révolue, ces buteurs d’avant l’ère de l'Internet et de la base de données de L’Equipe ont depuis longtemps sombré dans l’oubli. Pourtant, de temps à autre, un jeune footballeur vient nous remémorer leurs exploits. Cette saison, ce déclencheur de nostalgie joue au CS Sedan et s’appelle Alexis Allart. Souvent à l’extrême limite du hors-jeu, ce joueur de 22 ans ne ménage pas ses efforts. Rassurez-vous, il n’est pas du genre à s’échiner à « décrocher », pour pallier le sacrifice de tout milieu organisateur par un coach trop frileux – un mal bien français que celui-là, mais passons… Non, ses allers-retours, Alexis Allart les fait uniquement sur le front de l'attaque, qu'il balaie sans relâche, d’une ligne de touche à l’autre, toujours capable de faire le bon appel et de provoquer la bonne ouverture. Sa qualité de frappe et son redoutable sens du but font ensuite le reste. Résultat : notre homme, non gardé par l'AS Monaco, relancé à Louhans-Cuiseaux puis passé par la Jupiler League belge et l’Excelsior Mouscron (une raison de plus de le comparer à Jean-Pierre Papin ?), en est à 8 buts en 18 titularisations en Ligue 2 cette saison. Ce qui n’est pas mal pour un avant-centre évoluant dans une équipe aussi irrégulière que peuvent l’être cette année les Sangliers. Sans compter ses réalisations en Coupe de France (3 en 6 matches), telle cette frappe, catapultée dans les filets strasbourgeois, après un triple contrôle aérien dans la course. De loin le plus beau but inscrit en France ces derniers mois. Jugez plutôt !

mardi 17 mars 2009

Exclusif : le site officiel du PSG piraté !



Des supporters parisiens qui l'auraient mauvaise après la défaite de dimanche ? Ou des Marseillais d'humeur moqueuse ? L'origine du "sinistre" demeure indéterminée, toujours est-il que le site officiel du PSG (www.psg.fr) a été victime d'un canular lundi soir. Avec un Hoarau triomphant et ce simple titre "2-0, le PSG fait tomber l'OM", voilà l'image d'accueil que les internautes pouvaient y trouver, jusqu'à une heure très avancée de la nuit. La page d'accueil fut alors mise hors-ligne, le visiteur tombant directement sur le fil d'Actualités du site. J'ai effectué une capture d'écran et pris une photo pour immortaliser ce grand moment cybernétique, inédit à ma connaissance dans l'histoire pourtant riche de la rivalité PSG-OM (remarquez que je rechigne à parler de "clasico", faut pas déconner). La prochaine fois, s'il y en a une, les hackers feraient quand même bien de trouver une photo plus adaptée : on reconnaît Yepes et Pauleta sur celle du "délit" de lundi...

dimanche 15 mars 2009

CHAN 2009 : un bilan


Le triomphe des Léopards de RD-Congo dans ce premier Championnat d'Afrique des nations réservé aux joueurs "locaux" (évoluant sur le continent noir) méritait bien un texte spécial (billet suivant). Mais certaines des sept autres équipes participantes au tournoi (Zambie, Sénégal, Tanzanie et Côte d'Ivoire - pays organisateur, dans le groupe A; Ghana, Zimbabwe et Libye dans le B) ont également dévoilé des joueurs plein de promesses. Durant cette quinzaine (22 février-8 mars), on a d’abord apprécié la qualité d’ensemble du Ghana, qui battit le futur vainqueur en phase de poules. Les Black Stars disposent de deux latéraux de grand talent, évoluant tous deux à l’Ashanti Kotoko (première division ghanéenne) : Harrison Afful (22 ans) et Samuel Inkoom (19 ans)(photo). Qualité de centre et vitesse de course pour le premier, placement sécurisant pour le second : ces deux éléments endurants et solides ne manquent pas de qualités. Ils ne laissent d’ailleurs pas les clubs européens indifférents : Afful aurait été approché par les Néerlandais du Feyenoord Rotterdam, alors qu’Inkoom, un temps suivi par le FC Barcelone, intéresserait désormais le Paris Saint-Germain, à la recherche d’un joueur susceptible de doubler le poste de Ceara.
Parmi les autres joueurs très remarqués au sein de cette séduisante équipe, figure Charles Taylor Asampong Bismarck (27 ans). Ce très actif attaquant des Accra Hearts of Oak (première division ghanéenne) abat un gros travail physique de harcèlement des défenseurs adverses. Hormis une expérience en Tunisie à l’Etoile du Sahel, cet excellent tireur de coups francs a fait toute sa carrière au Ghana.

Le dernier des Ayew
Mais la principale attraction des Black Stars est le dernier d’une lignée illustre, celle des Ayew, les enfants d’Abedi Pelé. Ibrahim polarise l'attention. L'aîné des fils d'Abedi (21 ans), qui évolue à Eleven Wise (première division ghanéenne), compte parmi les grandes révélations de ce CHAN. Il s'est affirmé comme l'une des pièces maîtresses des Black Stars. Joueur petit (1,69 m) et trapu, Ibrahim joue milieu de terrain droit. A ce poste, il fait admirer une belle technique et une enviable puissance d'accélération. Lors du premier match contre le Zimbabwe, il fut le sauveur du Ghana, en marquant les deux buts qui permirent à son équipe de décrocher le match nul.

Un canonnier zambien
L’attaquant de la Zambie, Given Singuluma (photo), auteur de cinq réalisations, a été désigné meilleur buteur de cette première édition. Agé de 22 an, l’attaquant de Zanaco (première division zambienne) s’est d’entrée illustré en réalisant un triplé face au pays hôte, la Côte d’Ivoire (3-0), en match d’ouverture de la compétition. Passé par la deuxième division sud-africaine, ce joueur rapide et très opportuniste face au but serait suivi par des clubs scandinaves. Enfin, on mentionnera le Sénégalais Pape Maly Diamanka. Auteur notamment d’un grand match en demi-finales du tournoi, face au Ghana, le jeune milieu de terrain offensif de l’US Gorée (première division sénégalaise), 19 ans seulement, s’est illustré par sa vision du jeu et sa qualité technique. Il a su donner de la profondeur au jeu, parfois trop prudent, des Lions de la Teranga.

Des équipes plus égales que d’autres ?
Certaines sélections africaines sont traditionnellement formées de nombreux locaux. Plusieurs des cadres de la sélection victorieuse, les Léopards de RD Congo avaient ainsi déjà disputé au moins une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations. C’est le cas par exemple du défenseur Gladys Bokese. La même remarque peut s’appliquer à la Zambie ou à la Libye qui, pour des raisons différentes, ne parviennent pas à exporter leurs meilleurs talents.

Une organisation réussie, un public clairsemé
De l’avis général, ce premier CHAN fut une réussite sur le plan de l’organisation. Malgré des années de crises et de guerre, la Côte d’Ivoire s’est montré à la hauteur de ce grand événement sportif. Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance ! Le déroulement de la compétition s’est passé de l'avis des reporters présents sur place dans de bonnes conditions d’ensemble, avec des matches à l’heure, dans de beaux stades et sur des pelouses de qualité très satisfaisante. Les délégations, le public et les médias ont bénéficié des efforts d’accueil d’un personnel bien préparé. En revanche, les rencontres n’ont pas toujours attiré la grande foule. Ce fut particulièrement le cas à Abidjan, surtout après l’élimination du pays organisateur. Seul le match d’ouverture et la finale y ont fait stade plein. Le reste du temps, les rencontres n’ont rassemblé que 2000 ou 3000 spectateurs. C’est trop peu ! L’ambiance fut heureusement bien meilleure à Bouaké, dans le nord du pays.

Une compétition utile : oui, mais…Le CHAN est utile au football africain. Elle permet aux pays organisateurs de rénover leurs infrastructures afin d’accueillir l’événement. Et aux équipes participantes de donner l’occasion de briller à des joueurs qui n’ont pas toujours eu la chance de le faire en sélection régulière. Le niveau de jeu ne fut pas toujours très relevé. Hormis les individualités mentionnées en début d’article, les recruteurs occidentaux présents n’ont pas toujours eu l’occasion de s’enthousiasmer. La situation du CHAN au mois de février, juste après le mercato d’hiver en Europe, peut en outre priver certaines sélections de joueurs, transférés vers des clubs européens. Ce fut le cas cette année de la Côte d’Ivoire, qui perdit celui qui aurait pu être son meilleur joueur : Gohi Bi Cyriac (18 ans), recruté par le Standard de Liège.

CHAN 2009 : le triomphe des Léopards



Le Championnat d’Afrique des Nations, premier du nom, a livré son verdict. Les Léopards de RD-Congo ont vaincu. En remportant cette première édition, organisée en Côte d'Ivoire du 22 février au 8 mars, ils ramènent à Kinshasa le premier trophée décroché par le pays depuis la CAN 1974, remportée du temps où il s'appelait le Zaïre. Les hommes du coach Mutubile Santos ne présentent certes pas un bilan exceptionnel pour le lauréat d’un tournoi international. Avec trois victoires, un match nul et une défaite pour 7 buts marqués et 5 encaissés, ils n’ont pas toujours été très emballants dans leurs résultats. Mais ce fut l’équipe la plus soudée collectivement et la plus régulière dans la qualité de jeu. Elle a bien mérité son titre ! Et que dire de ses qualités mentales, avec une victoire sur le Ghana (2-0) en finale, après avoir subi un cinglant 3-0 en phase de poules.

La victoire de la RD Congo doit être étroitement associée à la réussite d’un club, le Tout Puissant Mazembe. La formation de Lubumbashi a fourni 11 des 23 sélectionnés, et jusqu’à sept ou huit titulaires à chaque rencontre. Un avantage évident en termes d’automatismes sur le terrain ! D’autant que le sélectionneur est également l’ex-entraîneur du Tout Puissant. Il a notamment pu compter sur le gardien Muteba Kidiaba, au style pas toujours académique mais efficace, le solide milieu de terrain Kazembe Mihayo, son complice de l'entrejeu Ngandu Kasongo et l’attaquant Alain Kaluyitukadioko.


Le maître à jouer, le parfois génial et toujours inspiré Trésor Mputu (photo) en est aussi un élément cadre. Elu meilleur joueur de la compétition, ce dernier a déjà effectué l’hiver dernier un essai de dix jours à Arsenal. Aucune formation européenne n’a pour l’heure craqué pour ce joueur, présenté en 2006 comme meilleur que Samuel Eto’o par Claude Le Roy, alors sélectionneur de la RD Congo. Des équipes anglaises (Blackburn, Hull City, Tottenham), grècques (Olympiakos) et surtout belges (Standard de Liège, RSC Anderlecht) s’intéresseraient aujourd’hui à lui.

jeudi 12 mars 2009

Pas de pétrole, mais pas d'idées non plus !


Interrogé sur la déroute de son équipe à Barcelone, en huitième de finale retour de la Ligue des Champions, Jean-Michel Aulas a associé l’ensemble du football français à cette déculottée. Le président de l’Olympique Lyonnais a d'abord déploré l’absence de fiscalité "d’élite" et la difficulté d’édifier des stades XXL, avant de reconnaître que ses hommes n’avaient pas été "très bons". De fait, l’OL a confirmé sa chute d’un cran dans la hiérarchie européenne : un temps abonnés aux quarts de finale, les Gones ne sont pas parvenus, pour la troisième année consécutive, à franchir le stade des huitièmes. Aulas n’a certes pas tort sur toute la ligne dans son constat : les pays européens ne combattent pas tous à armes égales sur un plan économique et financier.

Mais le sport se réduit-il à la seule vérité des chiffres et des ratios ? Je ne le crois pas. Dans son discours, le président Aulas sous-estime un problème typiquement français : la faiblesse du recrutement. L'exemple du jeune Aly Cissokho, latéral gauche titulaire du FC Porto acheté l'été dernier à... Gueugnon (!) est à cet égard parlant. En France, on n'a pas beaucoup de pétrole, mais on n'a pas non plus beaucoup d'idées. Aulas refuse de reconnaître que son club s'est endormi sur ses lauriers, en misant beaucoup sur des joueurs de complément souvent surcotés (Keita 16 millions d’euros, Pjanic 7,5 millions d’euros, Piquionne 4,5 millions d’euros) et peu voire rien quand c'était nécessaire. Aucun buteur de rechange n’est par exemple venu compenser le départ de Fred cet hiver. Et l’OL a ainsi renforcé ainsi sa Benzema-dépendance. Benzema qui a mesuré sur deux matches tout le chemin lui restant à parcourir pour être l'égal d'un Henry ou d'un Anelka.

samedi 7 mars 2009

Si ça ne va pas à Rio...


Après le huitième de finale de Coupe de France mercredi, le LOSC va à nouveau recevoir l'Olympique Lyonnais, samedi, pour le compte de la 27e journée de Championnat cette fois. Il n'y aurait rien de particulier à dire sur cette rencontre si, pour la deuxième saison conséutive, elle ne se déroulait au Stade de France. Oui, le club nordiste "recevra" sur terrain neutre. Histoire de générer des recettes supérieures à l'ordinaire du Stadium Nord de Villeneuve d'Ascq. Et d'habituer les Dogues à l'atmosphère des "grands" matches, de Ligue des Champions, de ceux qu'ils disputeront, espèrent-ils, dans leur futur Grand Stade. Mais qu'en pensent les joueurs, au fait ? Cette question, les dirigeants lillois ne se la sont apparemment pas posée. Courageusement, certains cadres du LOSC ont avoué qu'ils n'avaient pas été consultés. Le capitaine Mavuba, a dit à La Voix du Nord tout le mal qu'il pensait d'une telle délocalisation avec une franchise qui l'honore. Ce qui n'empêche pas Rio de se montrer réaliste : "c'est sûr qu'il y a d'autres intérêts dans un club, un tel rendez-vous génère peut-être plus de trésorerie, je ne sais pas. C'est un bon coup marketing pour le LOSC et une façon de préparer l'arrivée du futur grand stade." En attendant, le LOSC est le seul club de Ligue 1 à ne jouer que 18 matches à domicile cette saison. Et ça profite à qui, cette inéquité sportive ? A Lyon bien sûr ! Comme si ce club avait besoin de ça pour dominer encore la Ligue 1...