jeudi 2 juillet 2009

Aujourd'hui Sport : l'esprit survivra


Décidément, les temps sont durs pour la presse sportive de qualité. Commencée avec la suppression brutale de l’émission Langues de Sport, diffusée un semestre durant sur Europe 1 Sport, l’année se poursuit maintenant avec le sabordage d’Aujourd’hui Sport. Sur les ondes, comme dans les kiosques, il n’y a plus une tête qui dépasse. Les amis de l’expertise et de l’appétence, pour reprendre les mots de Bruno Roger-Petit, grand maître de cérémonie du susdit programme, tous ces gens dont l’exigence n’a d’égale que l’humour et la culture sportive doivent se sentir bien démunis. Entre le ton populiste "yakafaucon" de RMC et le sérieux pontifiant de l'autoproclamé quotidien sportif de référence (rime riche avec déférence…), il n’y a plus grand-chose de stimulant dans la presse, notamment écrite (soulignons notamment la qualité des pages Etranger de France Football et la poursuite de l’aventure So Foot, mais il ne s’agit pas là de décryptages quotidiens). Pour avoir vécu intimement les deux aventures, la première comme auditeur fidèle, la seconde comme collaborateur, il m’est difficile de ne pas ressentir d’amertume. Lundi, au moment du dernier bouclage, il y avait quelque chose de sérieusement surréaliste dans le discours de Marie-Odile Amaury : « J’ai aimé et j’aime Aujourd’hui Sport. Vous avez fait le journal que nous avions envie de lire… Mais nous devons en rester là. » Voilà une logique incertaine qui sonne comme l’exact symétrique d’une autre, à l’œuvre au sein des instances (soi-disant) dirigeantes du football français, au moment de décider du maintien de Raymond Domenech à son poste malgré l’Euro calamiteux des Bleus, l’été dernier. « Vous avez été nul, on a été ridicules, il faut tout changer, mais on vous garde », s'était vu signifier le mari d'Estelle Denis... En tous cas, l’esprit d’Aujourd’hui Sport, fait de mordant, de pertinence et d’érudition, va manquer. Gardons espoir tout de même. Quel autre journal avait annoncé le départ de Benzema avec 48 heures d'avance sur tout le monde ? Et, comme l’a joliment dit Thierry Bretagne, « un journal ne meurt pas tout à fait s’il a fait naître des journalistes. » Puissent ces derniers grandir et faire éclore de beaux fruits, notamment sur le Net. Il n’y a pas de forteresses imprenables, il n’y a que des forteresses mal attaquées (ou mal commercialisées…). Ronan, Julien, Nabil, Thomas, Manu, Bruno, David, Dave, Laurent, Emilie, Ava, Benjamin, Guillaume, Hugo, Michel et les autres : on va les gagner, ces guerres !

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